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La mode et l'environnement


Photo Priscilla Du Preez

Bonjour, bonsoir, bienvenue! Vous connaissez l’expression avoir un cadavre dans le placard..? Eh bien j’ai envie de sortir le macchabée et qu’on essaie de résoudre le problème ensemble. Bienvenue dans le tome 1 de la série « La mode, la Terre et nous » ! On peut réduire considérablement son impact environnemental en adoptant un régime moins carné, plus local, moins pesticidé, plus saisonnier. On peut réduire sa consommation énergétique en coupant l’eau quand on se brosse les dents, en éteignant la lumière quand on quitte une pièce et en proposant ses sièges vides au covoiturage. Si on est motivé, on peut composter, installer des toilettes sèches, créer un potager et même arrêter de prendre l’avion. Mais je suis sûre que vous le saviez déjà, parce que c’est partout dans les journaux, dans les discussions du dimanche midi et sur nos murs Facebook. Alors maintenant si je vous dis que l’industrie de la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde ? (Grand gagnant de ce triste concours, l’exploitation du pétrole) Le sujet peut se faire plus timide, et pourtant notre garde-robe ne se gène pas pour secouer l’environnement. Il est temps de parler chiffons !

80 milliards de vêtements sont achetés chaque année dans le monde. Leur durée d’utilisation est en moyenne de 35 jours.

On estime que les vêtements sont responsables de 17% des émissions de gaz à effet de serre. 25% des insecticides (Un quart !) et 10% des herbicides vendus dans le monde sont utilisés pour faire pousser les plantes destinées à fabriquer ces vêtements. Il faut en moyenne entre 2500L et 3000L d’eau pour faire pousser et transformer le coton utilisé dans la fabrication d’un seul t-shirt.

Imaginez, 80 milliards de vêtements. Le lèche vitrine n’est pas anodin et l’impact, (et le pouvoir!) de notre dressing est réel.

J’écris cette série d’article car je pense qu’il est facile et rapide de changer notre impact sur l’environnement si on prend le temps de regarder le contenu de nos placards. Mais il faut savoir comment regarder, alors j’espère vous donner les clefs pour repenser cette consommation. On ne renie pas ici le besoin vital, naturel, et culturel, de s’habiller, mais on parle de jeans et de baskets, de t-shirts et de foulards, de soldes et de penderies qui débordent. Chaque année, près de 6 millions de tonnes de textiles sont jetés à la déchetterie. En France, le gâchis s’élève à 12 kilos par an et par personne. Ce gâchis d’énergie et de ressource a un impact considérable et grandissant sur notre environnement.

Photo Clem Onojeghuo

Quels impacts pour notre planète ?

Pollution de l’eau

70% des eaux chinoises sont polluées par l’industrie du textile. Pas étonnant que l’impact soit si grand quand on sait que la Chine est le premier producteur de vêtements dans le monde, bas coûts obligent. Greenpeace a établit un rapport « Dirty Laundry » (linge sale) dénonçant la pollution de l’eau due à l’industrie du textile. Au total, c’est 20% de la pollution mondiale de l’eau qui en découle. Les produits utilisés pour blanchir et teinter les tissus ne subissent pas de traitement adapté avant de rejoindre les rivières, en raison d'un manque d'infrastructures adéquates. De plus, les vêtements sont imprégnés de produits chimiques en raison de leur mode de confection, et ces produits se retrouvent dans nos circuits lorsque nous les mettons à laver.

Destruction de l’écosystème

Le coton, pour ne citer que lui, nécessite des quantités phénoménales de pesticides pour pousser selon le modèle actuellement en place, c’est à dire, en agriculture intensive. Ces produits utilisés empêchent la vie sauvage de se développer, on participe ainsi à la disparition des insectes, premières victimes de ces produits, mais on porte également atteinte aux animaux qui en dépendent pour se nourrir et à la santé des terres. De plus, dans les eaux pollués par les rejets de produits de teintures et autres traitements, on voit la vie disparaître peu à peu car l’environnement n’est plus viable pour les poissons et autres espèces aquatiques.

Epuisement des ressources

On a besoin de faire place rase en coupant les arbres pour les remplacer par des cultures qu’il faudra irriguer et traiter. Dans ce processus, l’eau, l’électricité et le pétrole sont omniprésents. Nos ressources s’épuisent et il n’est certainement pas trop tôt pour reconsidérer l’utilisation de celles-ci. Je vous détaille en dessous en quoi la fabrication des vêtements est particulièrement énergivore. L’Inde par exemple, qui produit 1/3 du coton dans le monde, a vu la demande être multipliée par 3 en 15 ans. Et pourtant, il faut 22000L d’eau pour produire 1 kg de coton dans ce pays… Il est facile d’imaginer que cette utilisation intensive d’eau ne peut pas être positive.

Enfin, au Kazakhstan et en Ouzbékistan, la mer d'Aral s'assèche progressivement, en partie à cause de l’eau utilisée pour irriguer les cultures, dont les cultures de coton.

Pourquoi nos vêtements polluent ?

Reprenons ici les étapes de fabrication d’un vêtement aussi simple et courant qu’un t-shirt. Tout d’abord, nous allons faire pousser le coton, pour récupérer la fibre qui servira à fabriquer le tissu. Ce coton pousse principalement aux Etats-Unis, en Inde et en Chine. Le hic, c’est que le coton cultivé aujourd'hui demande 1- une quantité exorbitante d’eau 2- une quantité exorbitante de pesticides et herbicides.

On plante les graines, on arrose abondamment d’eau et de produits chimiques et une fois que le coton est prêt on le récupère grâce à des machines. On sépare mécaniquement la fibre des graines grâce à une autre machine, on le presse en ballots de 250kg avec une nouvelle machine, on l’envoie en Inde et en Chine par camion, puis bateau. Ici, de nouvelles machines prennent le relais : pour fusionner la fibre, la nettoyer, la peigner, l’étirer et enfin la filer et en faire des pelotes. De ces pelotes, de nouvelles machines tricotent les fils pour en faire des bandes de tissus, puis les blanchir, puis les teindre. Ce processus utilise des préparations chimiques à base d'éthoxylates et de nonylphénols, qui sont toxiques, cancérigènes et des perturbateurs endocriniens. On peut s’arrêter là pour les machines et passer à la main d’œuvre humaine. Ah non pardon, d’abord il faut utiliser de nouveaux moyens de transports pour emmener les tissus au Bengladesh, en Inde, en Chine et en Turquie (principalement). Une fois le vêtement cousu, on le met encore dans un nouveau camion et on l’envoie là où il sera vendu. Si on revient sur ce processus de fabrication, on se rend compte qu’entre la graine de coton (dans la majorité des cas OGM), et l’acte d’achat, notre t-shirt a sans doute plus voyagé que nous… Pourtant il est pas très porté tourisme, il s’en serait bien passé. On a donc besoin ici d’importantes ressources d’eau, de produits chimiques, d’électricité et de pétrole pour créer notre vêtement. Je vous avez dit que le pétrole est la première source de pollution dans le monde, eh bien voilà une façon de réduire notre consommation de pétrole… Arrêter de faire voyager les choses plus que nous!

Le principal fabricant de vêtements dans le monde est la Chine, hors 70% des eaux chinoises sont polluées. Parce que les processus de blanchiment et de coloration des tissus sont toxiques et que les usines rejettent leurs eaux usées dans la nature. Ces eaux toxiques détruisent la biodiversité et deviennent une source d’eau potable de moins.

Mais cela ne s’arrête pas là !

Une fois que l’on est allé acheté notre t-shirt (admettons qu’on ai pris le bus ou le vélo plutôt que la voiture, on peut rêver), nous allons le porter… Et le laver. (Oui, c’est mieux) Chaque lessive utilise de nouveau : de l’eau, des produits chimiques, de l’énergie électrique. Aux Etats-Unis, le simple lavage des vêtements utilise 73 000L d’eau par an, par personne. Comme le coton a été traité, depuis sa pousse à transformation, il est plein de produits chimiques qui se retrouvent dans l’eau de la machine, puis dans nos circuits. De plus, les lessives du commerce sont composées de produits toxiques. Vous pouvez voir mes 2 recettes de lessives maison pour éviter cette pollution. Pour un peu qu’on ait la place et les moyens, on a souvent également un sèche-linge, qui lui utilise 6 fois plus d’énergieque notre machine à laver ! De quoi se dire que si l’occasion se présente, il vaut bien mieux laisser sécher nos vêtements à l’air libre. L’impact environnemental de nos vêtements ne se cache donc pas seulement dans leur production, mais aussi dans leur utilisation.

Oui mais on ne va pas arrêter de laver nos vêtements pour autant ! Allez vous me dire… Ça c’est sûr, mais on peut peut-être revoir ses réflexes de nettoyage. On n’a peut-être pas besoin de mettre ses jean, pull, t-shirts, au sale aussi souvent que l’on pense. On peut aussi choisir des cycles plus courts, moins chauds, et laisser sécher naturellement ses vêtements. Ce ne sont pas des petits gestes, ce sont des vrais gestes avec des vrais impacts. Il suffira de regarder votre facture d’eau et d’électricité après avoir entamé ce processus, vous verrez la différence.

Dernier point mais pas des moindre, la vie du t-shirt… Après sa première vie. Chaque année en France on jette l’équivalent de 400 millions d’euros de textile. Ce qui ne finit pas en recyclage a des chances de se retrouver dans des décharges à ciel ouvert, où il faudra près de 200 ans pour que les tissus se dégradent… Ce processus n’est pas anodin étant donné qu’il dégage des gaz toxiques dans l’atmosphère.

Beau programme pour une deuxième vie n’est ce pas ? On a donc tout intérêt à faire attention à la manière dont on se sépare de nos vêtements quand on n’en veut plus !

Comment éviter la pollution ?

Alors bien sûr, le portrait n’est pas très beau, mais il n’est pas catastrophique car les solutions existent !

C’était déjà très long, alors je vais vous citer des pistes rapidement mais j’y dédierai un autre article plus détaillé.

Pour réduire son impact

On peut : réguler sa consommation en regardant de plus près ce qu’on a dans notre placard, acheter seconde main chaque fois que cela est possible, prendre soin de ses vêtements, les réparer et éviter de les laver trop souvent, les donner à des vraies personnes ou les recycler plutôt que les jeter, et acheter des vêtements certifiés biologiques et en fibre naturelle si on veut du neuf !

Merci et bravo d’avoir lu jusqu’au bout !

Je vous retrouve la semaine prochaine pour parler mode et éthique sociale !

Lumière et Joie, Silène 🐢✨

Cet article vous a plu? N'hésitez pas à laisser un commentaire et à le partager à vos amis! Plus on est de fous, mieux on sauve la planète!🌿

Sources Mode : la face cachée des petits prix – Tout compte fait

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