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La mode et l'éthique sociale


La dernière fois, je vous parlais des impacts environnementaux de la mode. Je vous retrouve aujourd'hui pour aborder le côté social de cette problématique. Nous voilà donc avec le tome 2 de la série « La mode, la Terre et nous » ! La mode et les humains.

En 2013, au Bengladesh, une manufacture de textile s’est effondrée, entrainant la mort de plus de 1200 individus et des blessures graves à plus de monde encore. Cette tragédie a largement été relayée par les médias, mettant enfin en lumière la face sombre de la production de vêtements dans des pays où les droits de l’Homme sont, pour ainsi dire, plutôt souples. Vous trouverez sans mal plus d’information sur ce cas si vous l’aviez manqué, mais pour résumer, les locaux étaient vétustes, il y avait des fissures sur les murs et les employés avaient fait remonter l’information aux responsables. Le matin même, certains ne voulaient pas entrer dans la manufacture, car ils ne se sentaient pas en sécurité. Le directeur a mené une conférence de presse, assurant qu’il n’y avait aucun danger à venir travailler dans ses locaux. Forcés à travailler malgré tout, menacés d’être battus ou virés, ses employés ont vus les murs et les plafonds s’effondrer sur eux-mêmes quelques heures plus tard, perdant la vie, des bras, des jambes. Quelques jours après la catastrophe, le directeur de la manufacture a été rattrapé par les autorités alors qu’il essayait de fuir le pays.

Cet exemple pourrait être un cas isolé, cela suffirait à illustrer l’horreur de la recherche de profit à tout prix. Mais cette situation n’a rien d’unique. Au Bengladesh, Pakistan, Inde, Chine, les cas d’incendies meurtriers, de bâtiments qui s’effondrent et autres accidents ne manquent pas. Peut-être que pour certains d’entre vous, ces pays semblent loin, exotiques, différents, mais il n’y a aucune différence entre ces personnes et nos voisins, nous avons tous les mêmes aspirations au bonheur, à la sécurité et à la liberté et il est scandaleux de condamner des vies pour des produits aussi peu vitaux que des vêtements à la mode.

1/6ème de la population mondiale travaille dans l’industrie du textile.

Et c’est principalement pour nous, privilégiés du monde occidental, qu’ils fabriquent des vêtements, chaque jour, jusqu’à 15 heures d’affilées. Qu’ils sont malmenés, maltraités, enfermés dans leurs unités de production, forcés de mentir aux audits quand à leur rythme de travail, leur date de naissance… Un message revient souvent dans la bouche des fabricants de vêtements lorsqu’on les interroge : « J’aimerais que vous sachiez qu’il y a du sang sur votre t-shirt ». Prenons un moment pour réfléchir à ce que ça signifie. Note humanité fait face à de nombreux enjeux, et nous ne pouvons pas nous attaquer à tous les problèmes, mais 1/6 de la population mondiale souffre pour la mode.

Alors oui, l’industrie de la mode offre des emplois à 1/6 de la population et cela est un point positif non négligeable. Mais en dehors des problèmes que j’ai déjà énumérés il y a également un problème sanitaire majeur qui se joue, je vous le décrypte de ce pas.

Photo Oscar Aguilar

La mode et la santé des travailleurs Vous souvenez-vous de mon article sur les impacts environnementaux de la mode ? J’y décrivais le processus de fabrication d’un vêtement, depuis la culture des matières premières à l’achat.

Pour reprendre l’exemple du coton, utilisant une quantité importante de pesticides et herbicides et poussant principalement en Inde… Dans des conditions précaires, les agriculteurs n’ont souvent pas les moyens de se protéger des produits qu’ils utilisent. Ainsi, un docteur s’alarme de taux de maladies graves dans certains villages en Inde : les agriculteurs développent des cancers de la peau, des poumons et autre à cause de leur exposition directe aux pesticides, présentent des problèmes d’infertilité, de mauvaise qualité du sperme... De plus en plus d’enfants naissent avec des déformations et des handicaps, moteurs et mentaux, ou développent des maladies graves en grandissant : insuffisance rénale, cancers, troubles du développement…

Cela nous concerne car les vêtements peu chers sont fait à partir de matières premières qui ne rémunèrent pas assez les producteurs pour exercer leur activité en toute sécurité. Nous choisissons de soutenir ce modèle inhumain en nous tournant vers des produits cheap.

Ces problèmes de santé ne concernent pas uniquement la culture des matières premières mais aussi la transformation des tissus. En effets, les produits utilisés pour teinter et modeler les tissus sont extrêmement nocifs pour la santé. En travaillant dans des conditions pauvres, les employés ne bénéficient pas des protections nécessaires contre les effets secondaires des teintures etc. Exposition aux produits urticants, corrosifs, aux micro particules qui viennent se loger dans les poumons, au bruit…Une industrie de vêtement peut devenir un champs de mine si on n’est pas équipé pour travailler en toute sécurité. Le problème n’est pas que sanitaire mais aussi social. Ce n’est pas un hasard si la grande majorité des vêtements sont conçus en Inde, au Pakistan ou en Chine. C’est parce que la main d’œuvre coûte très peu cher. Nous ne pourrions pas avoir de t-shirt à 5€ si le personnel qui l’avait fabriqué était payé correctement, tout simplement. Ces bas prix sont artificiels, et n’existent qu’au détriment des petites mains qui tissent, coupent, assemblent les tissus… Le vrai prix d’un vêtement n’est pas celui auquel on a été habitués dans les grandes enseignes, un jean ne coûte PAS 15€ si il est réalisé dans des conditions décentes et respectueuses. Difficile de changer notre idée du prix juste, on a cette fausse impression que « oui ils sont payé 1€ par jour mais 1€ dans leur pays ça vaut beaucoup » (non !) Il va falloir passer par un processus de rééducation si on veut arrêter d’abuser des êtres humains pour notre look.

Aujourd’hui, des caméras cachées montrent des abus, physiques et verbaux envers les travailleurs, tout cela est de l’ordre du quotidien et n’a rien de cas isolés. Bien que de nombreuses marques s’engagent pour assurer des conditions de travail décentes, il n’en est rien. Pourquoi ? Car la majorité des unités de production, « sweat shop », sont des sous-unités. Les grandes entreprises commandent un certain nombre de produits à une unité particulière, qu’ils auront éventuellement visitée pour s’assurer des conditions de travail, mais en réalité la majorité du travail est fait en sous-traitance ! La distance entre les responsables (en Europe, aux Etats-Unis…) et les lieux de production, ainsi que la barrière de la langue et du flou administratif rendent quasiment impossible le réel traçage de la production. A moins d’acheter des produits certifiés équitables pour lesquels des contrôles sont faits régulièrement et sérieusement, il est quasiment certain qu’il y a des abus à un moment dans la chaîne de production.

La mode et notre santé

Cela nous touche encore plus directement ! En effet, des tests scientifiques ont révélé la présence de pesticides et produits chimiques dans des vêtements neufs et cela… même dans des vêtements de luxes pour enfants ! Primark ou Dior, même résultat. La peau est notre plus grand organe, en nous habillant avec des vêtements neufs et non bio, nous l’exposons chaque jour à des produits reconnus comme étant des perturbateurs endocriniens. Voulons nous nous imposer cette exposition jour après jour, mettant notre santé en danger pour des vêtements neufs peu chers ?

Photo Julian Mora

La mode et l’héritage culturel

Les vêtements usagés représentent un nouveau problème. Déjà, seulement 18% des vêtements dont on se sépare rejoignent la filière de récupération du textile. (Le reste allant à la poubelle) Et parmi ce faible pourcentage, seulement 10% vont aller dans des magasins locaux… Le reste partira au bout du monde, dans des pays défavorisés et impacte considérablement la vie de ceux qui y habitent. Comment ? Je vais prendre l’exemple d’Haiti, où des containers de vêtements arrivent chaque jour pour être vendus sur le marché. Bien évidemment, les gens qui vivent à Haïti n’ont pas besoin de renouveler aussi souvent leurs vêtements, et la demande ne suit pas l’offre. Cela a une double conséquence : les dons en surplus vont se retrouver dans des décharges à ciel ouvert car personne n’en a besoin et les créateurs perdent leur travail car plus personne n’a besoin d’acheter du neuf quand le marché déborde d’usagé… Toute la culture de l’habillage haïtienne en périt, les techniques de fabrications se perdent et les couturier-e-s doivent trouver une nouvelle carrière… Tout cela car nous ne sommes pas capable de gérer notre frénésie du shopping.

Je ne vais pas vous cacher que j’ai eu du mal à écrire cet article… Je préfère mille fois partager du positif et des idées inspirantes que de dresser un tableau macabre. Cependant, je trouvais important d’avoir ces informations regroupées quelque part et je pense qu’il faut parfois regarder la vérité en face une bonne fois pour toute pour pouvoir passer à autre autre. Et j’ai encore prévu un article pas très fun à propos de la mode et l’éthique animale… Mais il ne faut pas désespérer ! Il existe plein d’idées pour s’habiller de manière super chouette et sans endommager la planète ou des vies humaines et animales ! Et promis quand j’écrirais cet article ça sera suuuuuper sympa à lire ;) Profitez bien de l’été et à bientôt !

Lumière et Joie, Silène 🐢✨

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Sources Mode : la face cachée des petits prix – Tout compte fait

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